Claudius Linossier – Les œuvres restaurées

Biographie

CLAUDIUS LINOSSIER
(1893 – 1953)
Né à Lyon, à la Croix Rousse, le 21 novembre 1893, Claudius Linossier est le fils d’un artisan tisseur. Après le certificat d’étude, il suit des cours dans une école professionnelle tout en travaillant chez un serrurier, puis chez Berger-Nesme de Saint-Georges, orfèvre dans le Vème arrondissement. Il y apprend et pratique toutes les techniques du métal, en particulier, les incrustations et le coulage des métaux.
Plus tard, au cours du soir au Petit Collège, il se perfectionne en dessin et modelage, obtenant ainsi le 1er prix de dessin. De retour de la guerre de 14-18, il poursuit son « idée fixe » de peindre avec du feu et monte à Paris parfaire ses connaissances.
Il se fait des amis : l’architecte Michel Roux-Spitz (1888 – 1957), les sculpteurs François Pompon (1855 – 1933) et Louis Bertola (1891 – 1973) qui l’introduira auprès de Tony Garnier ; les orfèvres Edouard Monod-Herzen (1873-1963) et Jean Dunand (1877-1942) pour qui il travaillera à Paris quelques semaines.
De retour à Lyon en 1920, il s’installe 12 rue du Pavillon et crée ses premières pièces inspirées des vases et des cratères grecs de Douris ou d’Exekias (Vème et VIème siècles avant JC) qu’il a vus au musée du Louvre.
« J’ai un Maître magnifique, c’est Douris […] Sa poterie me semblait du métal ; c’est pourquoi je tente de faire de mes métaux une poterie qui ressemble à la sienne […] voilà les sources du beau »
En 1922, il épouse Hélène Guillerd, peintre de talent, qui sera également sa collaboratrice et qui l’aidera à faire connaître son oeuvre dans le monde.
Il exposera ses premières productions de dinanderie1 dans la galerie d’art lyonnais Saint-Pierre et rapidement, dès 1922, il est apprécié par les amateurs d’art et la critique locale. La Société des Artistes Décorateurs de Paris et la Société Nationale des Beaux-Arts le nomment sociétaire exempt de jury ; il expose et commercialise son travail à Paris, notamment chez Hébrard (rue Royale) ou au Salon d’Automne.
Malgré son retour à Lyon à cette époque, il a toujours été soutenu et conseillé depuis Paris. Ses rencontres et la modernité de son travail lui ont valu la Bourse de la fondation franco-américaine Florence Blumenthal qui a favorisé la reconnaissance de l’artiste auprès du milieu des arts décoratifs à l’étranger, notamment aux Etats-Unis. Ses dinanderies figureront dans plusieurs musées dès 1930.
1 Désigne l’ensemble des arts de travailler les ustensiles de cuivre et de laiton fabriqués à l’origine dans la ville de Dinant, en Belgique.
« Tout jeune, apprenti orfèvre, aimant la forme et la couleur, je rêvais d’un art où le métal devait se suffire à lui-même, quant à son aspect. Les colorations de l’émail étant obtenues grâce à des oxydes métalliques et les métaux ayant leur couleur propre, il importait de les utiliser simultanément : métal sur métal. Telle fut la base de mes nouvelles recherches (…) Réaliser de la peinture en métal, sans avoir recours à l’émail, tel fu mon objectif. Pour cela mon métier d’orfèvre et d’émailleur était nécessaire ; l’expérience des fusions est obligatoire. »2
Toujours installé dans sa Croix-Rousse natale, il achète en 1925, un terrain rue Belfort qui sera sa demeure, et qu’il ne quittera jamais. En cette même année, l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes organisée à Paris révèlent l’art moderne ou l’Art dit « déco » et jusqu’en 1939, il est très souvent sollicité pour faire partie des jurys artistiques parisiens ou d’ailleurs.
Caractérisé par sa jovialité et la loyauté envers ses amis lyonnais, dès 1927, il fait partie de l’ « Art Décoratif Moderne » qui siégeait sur le quai de Saône à Saint-Paul avec André Sornay, Krass, Chaleyssin et Pierre Renaud ; avec le verrier Paul Beyer et les peintres Pierre Combet-Descombes, Michel Dubost et Eugène Brouillard.
En 1933, il expose avec le « Groupe des Seize » à la galerie Saint-Pierre, ce groupe d’artistes lyonnais était composé pour la plupart des peintres lyonnais tels que Jacques Laplace, Emile Didier, Paul Janin, Venance Curnier, Etienne Morillon, Charles Senard, Pierre Combet-Descombes, Bernard Pochon, Philippe Pourchet et Henriette Morel ainsi que des sculpteurs comme Georges Salendre ou le graveur Philippe Burnot.
Après un ralentissement de production pendant la seconde guerre, il reprend un rythme dès 1945. En 1952, sa chère épouse, Hélène Linossier (née Guillerd) décède et Claudius n’a plus de courage. L’année suivante, dans le souhait de rendre hommage à sa femme, il crée une bourse, le « Prix Hélène Linossier », destiné aux étudiants ayant fini leurs études à de l’Ecole des Beaux-Arts de Lyon. Toujours anéanti par le départ de sa femme, il mettra fin à ses jours, le 8 octobre 1953.
2 Claudius Linossier, Dinandier (1893-1953), Musée des Beaux-Arts de Lyon, 1973. 54 p.

La collection Linossier à la Fondation Renaud

Grâce à l’amitié entre Pierre Renaud (père des fondateurs) et Claudius Linossier, la Fondation possède des œuvres de l’artiste. Stéphane Crevat, restaurateur d’objets d’art en métal, vient de leur redonner tout leur éclat initial.